En effet, en ce samedi 14 mai, veille de la Pentecôte, notre calendrier propose une virée de trois jours vers Sault avec l’ascension du géant de Provence, une sortie je pense inédite avec un accompagnement du groupe Ventoux jusqu’en Apt puis un retour insolite concocté par Jipi puis, enfin, une balade à la matinée. Ainsi tout le monde y trouvera, je pense, son comptant… et Bougainville connaîtra une affluence bien plus importante qu’à l’accoutumée, sans oublier Sylvie qui, gentiment, apportera aux randonneurs la bonne nouvelle de la matinée en leur prenant leurs sacs dans son auto… et tant pis pour l’étourdi qui aura raté ce bon wagon !
Je laisserai bien sûr Denis ou une autre plume nous conter le récit des aventures au pays de Sault pour vous narrer notre promenade vers Apt. Un joyeux groupe s’échappe donc de Bougainville et, d’entrée, se chope un vent costaud, prévu, redouté, annoncé par les météos et bien présent dès nos premiers coups de pédale… L’aller sera dur ! La Viste nous fait mal avec le mistral qui semble parti pour durer, voire se renforcer ! À Calas, autour du café gentiment offert par Jacques S., heureux et nouveau «papy», le peloton s’étoffe encore de pas mal d’éléments partis de plusieurs endroits différents !
La route est dure mais notre avancée demeure correcte à travers la magnifique campagne aixoise, aux couleurs méchamment ravivées par un Éole qui affiche une forme olympique ! La bosse d’Eguilles fait souffrir nos guibolles bien plus que d’habitude et les premiers décrochages de s’opérer. Nous saluons Michel GA. qui est sorti de nouveau ; nous lui souhaitons tous un prompt retour au top niveau !
La descente secouera Jipi qui craint le vent mais la montée boisée à travers la Chaîne de la Trévaresse nous verra un peu souffler de l’emprise éolienne tout en nous régalant ; quel plaisir ! À Rognes, les derniers cyclos à la matinée nous quittent, emmenés par l’ami Max qui a encore bien fière allure sur sa bécane malgré ses 79 printemps ! Les autres se lancent à corps perdu dans la descente un peu trop fréquentée vers le bassin de St-Cristophe puis la Durance toute proche. Le Vaucluse nous accueille en traversant la rivière et la ligne droite se passe mieux que prévu pour nous conduire à Cadenet, patrie du fameux tambour d’Arcole qui y possède une statue en bronze.
Après Lourmarin, l’une des attractions majeures du Luberon avec son village pittoresque sous son château féodal, pédaler dans la combe du même nom, le long de l’Aiguebrun qui écoule ses eaux brunes – d’où le nom ! – entre d’austères parois de couleurs claires, n’est que pur bonheur, même par vent contraire. Anne l’a bien compris qui nous prend en photo au début de la longue montée, pas trop dure, du Col du Pointu (499 m). Il n’est pas encore midi en son faîte et nous allons admirer la vue sensationnelle sur Apt, la vallée du Calavon, les Monts du Vaucluse avec ses superbes villages disséminés sur ses flancs… sans oublier le Ventoux, malheureusement encapuchonné !
Et voici Apt, vieille sous-préfecture qui étire ses rues au bord du Calavon et ancienne capitale du fruit confit. En ce jour de marché, nous fuirons une animation par trop bruyante en nous posant un peu plus loin, scindés en deux tablées bien distinctes, l’une joyeusement mélangée entre week-end et journée sur la terrasse, malheureusement ombragée car l’atmosphère nous paraît plutôt fraîche, de la Brasserie des Voyageurs alors qu’une équipe uniquement composée de «voyageurs», justement, s’installera sur celle d’un restaurant !
Vers 13 heures 30, il est temps de s’en retourner pour «ceux de Marseille», sans oublier bien sûr de souhaiter bonne route à leurs camarades... Quelque contestation, c’est de bonne guerre mais le parcours de Jipi sera respecté, tout au moins pour ses portions les plus inhabituelles. Là les sept cyclos vont se régaler sur la D113 qui serpente en grimpant, parfois fortement, mais sans aucune automobile et à travers un cadre bucolique, campagnard et qui nous offre en plus des vues magnifiques sur la vallée et les montagnes alentour. Nous atteignons le fabuleux plateau que nous longeons lors du Triangle, à une altitude légèrement plus élevée que celle du Pointu.
Regroupement, palabres, photo de groupe avant de nous laisser glisser dans un décor dont la beauté nous coupe le souffle, campagne sensationnelle avec les falaises de Buoux à l’arrière-plan. Le village de Buoux, dont les ruelles pavées lèchent la colline fleurie, est l’un de ces petits coins de paradis où il fait bon passer un moment ; nous n’en avons pas trop mais le peu que nous y consacrerons constituera assurément l’un des bonheurs du jour…
La descente vers l’Aiguebrun et ses falaises qui débordent presque sur la chaussée nous régalent encore avant qu’une côte, courte mais sévère, nous extraie de la végétation si abondante des gorges pour nous voir regagner la route en corniche du matin. En descente et vent de dos, l’allure dans la Combe de Lourmarin n’a plus rien à voir avec celle de l'aller !
Jipi a prévu des variantes. Bon, ça râle un peu, pas tout le monde, c’est vrai, mais le peloton se régalera vent de dos, au pied de la massive et boisée muraille du Moure Nègre, point culminant du Luberon (1 125 m), puis sur la gentille route sans voitures qui nous ramène à Cadenet, au prix d’un crochet minime… Mais le Jipi a encore des ressources ! En effet, une fois la Durance traversée et par là-même les Bouches-du-Rhône retrouvées, il arrivera à entraîner à vive allure, au bord d’un canal, tout son petit monde jusqu’au mignon village de Saint-Estève-Janson… où il ne se rappelle pas avoir traîné ses pédales ! Et, au bout d’une courte recherche, c’est parti pour la «Route 66» - départementale s’entend ! Là, sur une petite artère mal asphaltée, l’exercice s’avèrera rude, surtout avec un kilométrage bien conséquent, mais quel plaisir, quel bonheur de rouler à travers un cadre sauvage, minéral, boisé, lui aussi dépourvu de toute circulation motorisée !
C’est donc un peloton complètement enchanté qui atteindra Rognes. Les dernières bizarreries de Jipi seront refusées et Éole poussera tout le monde à allure V vers ses pénates respectives, ou sa voiture, au choix, en empruntant le chemin de l’aller, autrement dit le plus court. L’aller à la rame, le retour à la voile : ainsi en auront voulu les conditions climatiques d’une si belle journée de bicyclette et d’amitié. Nous espérons en connaître encore beaucoup d’aussi bonnes et souhaitons un bon séjour à nos camarades… en attendant de lire leurs épopées sur notre blog favori !
Mes chiffres : 177 kms, 8 H 50 de selle à 20 km/h, dénivelée «openrunner» aux alentours de 2 300, 2400 m ; belle envergure, on va dire !
Les participants : Joël, Anne, Jipi, Noël, Gérard, Yves et Jean-Louis J.